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13/06/2014

Nue

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- Alex Kanevsky -

 

Je suis partie quelques jours sous le soleil du midi, à Fréjus, ça sentait bon le pin et la lumière. Il fallait remettre d’aplomb le jardin du mobilhome de famille qui avait pendant une absence de plus de huit mois un tantinet pris des libertés et manqué d’arrosage. Dans le Domaine du Pin de La Lègue, c’est le nom de l’endroit où pendant près de cinquante ans mes beaux-parents ont passé leurs vacances, on vit en communion directe avec la nature. Une sorte de vie à la Robinson Crusoé améliorée. On passe le plus clair de son temps dehors pour tout : la cuisine, la toilette, les repas, les courses, la sieste, la lecture, l’apéro, l’écriture, la conversation, le jardinage, la rêverie, il n’y a que la nuit qu’on entre à l’intérieur de la caravane pour se mettre dans un grand lit. Chaque fois que j’y ai passé quelques jours en tout petit comité, j’ai remarqué à quel point c’était bon de pouvoir être nue. Comme la douche est extérieure et qu’on est à l’abri des regards, protégé par une végétation généreuse, et que je sais que je suis plutôt seule, j’aime avoir ce contact avec l’air dans le plus simple appareil. Je ne saurais dire pourquoi ça me fait cet effet là, mais la sensation de bien-être est intense. Il fait soleil, chaud, une petite brise caresse ma peau, l’eau participe à cet étonnant moment de symbiose, je me sens débarrassée de tout, à l’état sauvage, tout me semble possible, tout me semble simple, tout me semble superflu sauf cette sensation intense d’existence.

J’ai été élevée dans la peur du corps. Ce n’était pas de la pudeur, c’était plutôt une grande méfiance, comme s’il y avait danger (et il y avait danger). La sensation de sa nudité était interdite, alors progressivement on oublie qu’elle existe, et on oublie d’en profiter… Chaque fois que je retrouve cette sensation, la peau en émoi, j’aime ça et je mesure le chemin parcouru. Je me sens libre, je me sens prête, je me sens humaine.

Je suis émue, nue.

 

 

Fin de la petite pause

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- Kazuo Shiraga -

 

On a parfois besoin de prendre du recul. On a parfois besoin d’arrêter de produire, de créer, d’élaborer. Parfois besoin de mettre son cerveau en jachère, juste être à ce qu’on est sans forcément faire. On sent qu’on est au bout d’un cycle, qu’il faut se ressourcer, qu’il faut changer, qu’il faut retrouver l’énergie: la vitale, celle qui nous fait avancer.

On peut avoir toute les vies que l’on veut, l‘imaginaire est sans limite mais le corps lui en a et a besoin de se mettre à l’arrêt. Un cerveau, ça se fatigue aussi…

On cherche des explications parce qu’on s’en veut de ne plus trouver la force ou l’inspiration, on se désole et on pense que c’est parce que ceci, ou cela alors que ceci et cela sont notre quotidien depuis longtemps. Pas tellement plus de travail, pas tellement plus de soucis, toujours autant de stress, toujours autant d’envies mais plus d’énergie, la source tarie.

Arrive alors, dans un petit colis d'Outre-Atlantique, une lettre délicieuse et deux disques épatants d'une artiste dont on découvre le talent…

Et c’est reparti, on retrouve sa force d'en-dedans...

  

09/05/2014

Escapade marocaine -1-

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J’ai toujours aimé le Maroc mais je n’avais jamais mesuré à quel point. Quand je pose mon premier pied sur le tarmac, je sens immédiatement l’effet « bled », comme me dit souvent ma collaboratrice qui a du sang tunisien, par sa mère, dans les veines.

Je me sens autrement, je me sens plus ouverte, moins stressée, plus détendue d’emblée.

Je ne sais si c’est l’air, la lumière, ou peut-être l’Atlas qui trône majestueusement, les palmiers, le bleu intense du ciel, je ne sais dire le pourquoi du comment mais la magie opère. Je suis loin, je suis bien, je me sens être.

Trois heures de vol et c’est l’ailleurs, l’autrement. Le fait de pouvoir parler sa langue maternelle doit ne pas être étranger au fait de se sentir comme chez soi même si à des années lumière de mon Nord natal. Kif-kif, chouïa, choukrane…

A peine arrivée à destination dans un lieu magique au milieu des palmes, j’ai tout de suite pensé à Montaigne, en quête d’une sagesse à sa mesure, conforme à sa nature, convaincu que chaque individu doit pouvoir trouver lui-même la voie du bonheur qui lui convient, en fonction de ce qu’il est, de son caractère, de sa sensibilité, de sa constitution physique, de ses forces, de ses faiblesses, de ses aspirations et de ses rêves. Que sais-je ?

Je me suis laissée aller, laissée aller à penser et à rêvasser, deux des activités que je préfère, avec celles d’aimer, d’écrire et d’entreprendre… J’ai construit en une semaine au moins dix maisons, toujours toutes un peu les mêmes avec quelques variantes, selon mon inspiration, des plantes différentes dans le patio, les préférant plutôt odorantes un jour : daturas, jasmins, roses, ou plus sculpturales à d’autres moments : palmiers, oliviers, bougainvilliers blancs. Et je ne vous parle pas de la décoration des chambres… Une africaine, une asiatique, une andalouse, une magnifique… J’aimerais pouvoir les décrire comme Raymond Chandler. Ses descriptions dans les enquêtes de son Philip Marlowe sont d’une telle précision et d’une telle poésie, riches, intenses, chargées, truculentes, j’ai adoré les lire : «  L’entrée principale de la demeure des Sternwood (traduit de l’anglais par Boris Vian) avait deux étages de haut. Au-dessus des portes, de taille à laisser passer un troupeau d’éléphants hindous, un grand panneau de verre gravé représentait un chevalier en armure sombre, délivrant une dame attachée à un arbre et qui n’était revêtue que de ses longs cheveux ingénieusement disposés. Le chevalier avait rejeté la visière de son casque en arrière pour se donner un air plus sociable, et il tripotait les nœuds des ficelles qui retenaient la dame à l’arbre, sans arriver à rien. Je le considérai et je me dis que si j’habitais la maison, tôt ou tard, il faudrait que je grimpe pour l’aider… il n’avait pas l’air de s’y mettre sérieusement. »

J’ai avalé littéralement Chandler entre deux Essais de Pierre Eyquem… Quel ravissement !

Une  première chambre aux murs couleurs d’orage, comme les robes de Peau d’Ane, ce conte qui a bercé mon enfance avec Cendrillon et le Chat botté… Des murs enduits à la chaux, dans des tons indéfinissables, tadelakt partant du gris au brun. Un grand lit drapé de lin blanc brodé d’une arabesque taupe tout le long et un plaid dans une matière rude, un tissu berbère tissé à la main, aux motifs discrets mais à la présence brute, contrastant avec le raffinement d’un mobilier en fer forgé délicat et fin à la Giacometti, plutôt haut sur pied et supportant de chaque côté du lit, une lampe en peau de chameau et un petit vase boule en verre soufflé garni de roses fraîchement cueillies dans le jardin qui s’étale à perte de vue au travers de la grande baie vitrée protégée par deux grands volets en bois de cèdre sculpté…

 

  ( à suivre ... ) 

 

30/04/2014

Ailleurs

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L'ailleurs peut être un moyen de s'ouvrir à l'autre et du coup à soi-même, voyager n'est sans doute pas guérir son âme, mais l'enrichir, ça c'est certain. On ressort toujours grandi d'explorer, les portes sont faites pour être franchies...

 

 

25/04/2014

On vient à peine de commencer

 

 

31/03/2014

Songe d'une journée de printemps

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- Thomas Dodd -

 

 

24/03/2014

Noces de perle

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Nous voilà tous les deux, trente années après à reprendre comme nous le faisons chaque jour notre bâton de berger. Une relation s’entretient, se cultive, s’ajuste sans cesse. Un amour qui perdure avec autant d’émerveillement pendant tant de temps est comme un plat qu’on surveille sur le feu et auquel on ajoute les ingrédients pour arriver au résultat que l’on désire. Volonté, humilité, don de soi, ouverture à l’autre et sens de l’entreprise… La magie de l’amour entre deux êtres opère si chacun s’aime davantage au contact de l’amour de l’autre et si chaque acte, pensée et parole rend l’autre plus libre et plus en harmonie avec lui –même. Comment penser donner ce qu’on ne possède pas, comment penser recevoir ce qu’on ne s’offre pas, comment aimer si on ne s’aime pas ?

Au cours de toues ces années en compagnie de cet homme magnifique et patient, j’ai appris qu’aimer l’autre implique, qu’aimer l’autre ça n’est pas attendre de l’autre ce qu’on n’a pas en soi, ce qu’on a pas reçu, qu’aimer est une aventure humaine qui oblige au chemin vers soi et que pour aimer vraiment l’autre tel qu’il est cela demande de s’accepter tel que l’on est: faillible, tourmenté, passionné, impuissant, créatif, humain.

Une vie heureuse n’est pas un secret perdu. Et même si une vie ne peut être linéairement heureuse, il y a toujours des obstacles, des épreuves, des dépassements, des prises de conscience douloureuses, des éboulements, la confiance qu’on a dans le sentiment qu’on éprouve, la confiance qu’on a dans celui ou celle qui nous accompagne et plus généralement la confiance qu’on a dans l’amour qui unit et qui grandit chacun des protagonistes fait que c’est le bonheur qui subsiste et dont on se rappelle et qu’on transmet par sa façon d’aimer. Le précieux de l’existence est transmissible par notre être au monde et par l’aptitude qu’on acquiert à s’ouvrir à ce monde.

Noces de perle. Parce que ce qui nous unit à cette valeur ronde, douce et polie, j’en aime l’image. Je nous souhaite d’encore nous aventurer, d’encore nous enrichir l’un l’autre, d’encore nous épauler et nous entendre comme nous le faisons depuis trente ans et je souhaite que ce lien romantique et romanesque qui nous  attendrit chaque fois qu’on y pense et qui embellit notre vie soit une source inspirante de beauté et d’amour vers autrui…

 

 

17/03/2014

Femmes !

 

 

12/03/2014

Vivre encore ...

 

 

  

10/03/2014

Pourtant, je suis.

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- Photo Laurence Guez -

 

On m’a dit et on me dit encore souvent que je n’ai pas d’égo. « On » me fait savoir que c’est un handicap, possible, peut-être. Non, je n’ai pas d’égo, pas d’égo au sens où il est habituellement suggéré, la conscience d’être un être, et d’être un être qui a lieu d’être. C’est vrai, me concernant, je n’en suis pas. Je ne suis absolument pas un être qui pense mériter d’être. C’est franchement et fortement lié à mon histoire, à mon enfance, à mon vécu, ça n’est pas pour autant que je n’ai pas réussi tant bien que mal à exprimer mes ressentis et ma vision du monde mais sans jamais l’imposer, sans jamais penser qu’elle était meilleure qu’une autre, ce qui m’a permis de sublimes rencontres. Je ne regrette pas d’être cet être que je suis sans sublimation de l’être. Mais j’ai conscience d’être vulnérable dans ce monde plutôt égocentré, plutôt tourné vers lui-même que vers l’autre. Je ne sais pas me défendre, en tout cas je m’y prends plutôt mal, mais j’ai acquis avec le temps une force différente. Même quand je me sens agressée, je ne pense pas avoir du pouvoir, j’ai une certaine humilité face à ce qui m’arrive et j’ai acquis avec le temps une conscience de celle que je suis. Je ne me vis plus comme une chose mais comme une personne et je ressens le besoin de l’affirmer sans pour autant devoir tuer père et mère, ce qui en l’occurrence vu mon parcours aurait pu être une priorité ! Mais je souffre toujours un peu de voir que ce monde dans lequel je vis reste une sorte de jungle un peu primaire où c’est celui qui sort les crocs qui se fait respecter alors que ça devrait être, à mon sens, celui qui reste maître de lui-même, ce qui est beaucoup plus facile quand on a comme moi un égo mal dimensionné. Tout est dans l’équilibre. Il faut, je crois, prendre conscience de sa valeur et de ses talents, faire marcher l’intelligence qu’on peut avoir pour bien faire fructifier cette manne personnelle et ouvrir son cœur, être " aware ". Je suis faillible. Et je pense que tout le monde peut l’être et qu’au fond c’est une chance, on n’a pas à être ce qu’on n'est pas mais par contre il faut se donner à soi-même l’environnement, l’entourage et la confiance pour développer ses talents. Pas d’égo ne veut pas dire pas d’existence mais plutôt une existence autrement, une conscience de soi indissociable des autres, une façon d’être au monde généreuse et empathique sans pour autant idéaliste et conte de fée. Pas d’égo ne veut pas dire non plus pas de réalité. Mais une réalité en apprentissage permanent, une personnalité capable d’endiguer le changement, une capacité à entendre, une suggestion de l’instant, un être au monde en alerte et en mouvement, plus une écriture qu’un sceau, un être vivant.

 

 

05/03/2014

Vie violence

 

 

 

 

21/02/2014

Un an et deux jours de plus

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20/02/2014

Au Maroc

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Quand j’ai envie d’écrire, c’est plus fort que moi. C’est là, ça me titille. C’est plus que là ça m’oblige, ça m’incite, ça m’écrit malgré moi. J’aime ce pays: le Maroc, j’aime ses odeurs, sa musique, son drapeau. J’aime ses contrastes. J’aime ce qu’il offre de beau.

Chaque fois que je pose les pieds sur le tarmac, je me sens bien, je me sens libérée, je me sens allégée. C’est tellement puissant, pour moi, tellement que ça m’impressionne. Mais je sais pourquoi. C’est une terre nouvelle, tellement loin des loyautés familiales, tellement autre et pourtant tellement proche en même temps, ce rapport si étonnant au temps, cet « ici et maintenant «, vraiment.

Je reviens dans ce Nord qui m’a façonnée et pourtant je me sens l’âme ailleurs, vagabonde, constructive, abondante. Je revis. Je revisite. Je réapprends. Je respire. J’ouvre mon esprit et j’abonde.

Ce pays est une source féconde. Il m’inspire et me régénère.

On est ce qu’on fait de soi.

 

 

23/01/2014

De l'importance de l'art ...

Je ne sais pourquoi j'ai eu cette idée subite de m'interroger sur l'importance de l'art dans ma vie, pas plus que je ne sais non plus pourquoi j'ai posé cette question à un certain nombre d'entre vous en vous demandant de dire en quelques mots cette importance. La plupart, la majorité devrais-dire, de ceux que j'ai interrogés n'ont pas pu, faute de temps, ou pas tenu d'y répondre. Certains ont tenté de l'écrire, sans succès, d'autres ont carrément oublié et d'autres enfin se sont impliqués et m'ont retourné leurs réponses.

La première réponse reçue est celle de Mistral : sobre, efficace et concise :

" L'art, c'est ma vie. Ma vie, c'est de l'art."

- Christian Mistral -

 

Elle rejoint d'ailleurs celle que je reçue quelques heure après d'Henri Zerdoun, me remerciant d'avoir pensé à lui et m'écrivant ne pouvoir théoriser sur ce qui fait sa vie. " Je pratique dans mon quotidien afin de faire de celle-ci une oeuvre d'art. " Me précisant d'ailleurs que ce choix se paie parfois très cher, ce choix d'être libre et pas du tout formaté.

Je me suis rendue compte d'ailleurs après ces deux réponses que j'avais essentiellement posé ma question à des artistes...

 

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...from where does the inspiration needed to create spring?

the power that a man feels when creating and that moves him,first,and the world,second,is an energy that holds us and heals us.
this is nourishing firstly and,secondly, motivating for others..
the energy in art is that essential to me!
 
- Photo et réponse de Tania- Thune Larsen -
 
 
 
Guillaume Pâquet et Plumitif, furent les deux seuls tribaux à répondre à ma demande de façon plus fournie:
 
 
Je sais depuis toujours que je ne pourrais survivre sans l'art.
La musique, essentiellement, m'est aussi vitale que l'air et l'eau.
Déjà quand j'étais enfant et que j'étais malade, la seule façon de me faire sentir mieux était de m'installer à côté d'une machine diffusant de la musique.
Je me souviens d'un épisode de gastro-entérite (bon appétit, ami lecteur) particulièrement virulent que j'ai vaillamment combattu grâce à Nathalie Simard et sa version de la chanson thème de Goldorak. (http://www.youtube.com/watch?v=VT6Houdz7iI).
Encore aujourd'hui, quand j'entends cette chanson, je suis pris de spasmes irrésistibles...
 
Maintenant que j'ai moi même des enfants, je suis à même d'observer toute la place que prend l'art dans l'évolution de l'humain, sans trop qu'on s'en rende compte. Tous ces dessins, ces pas de danse, ces mises en scène enfantines, expression du corps la plus pure, sans d'autres buts que de communiquer le bonheur de vire, d'être.
Simple rappel que sans art, la vie n'a pas d'âme.
 
 
 
 
 C'est la meilleure voix (voie) que je me suis trouvée depuis longtemps déjà... et je persiste.
 

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malgré l'obscurité

j'entends le cri perçant

d'une langue pointue

pleine du lointain

de l'agonie qui s'ennuie

 

Ne rien faire d'autre, malgré la nature inintelligible de l'extravagance, que de discourir dans n'importe quelle langue, à même l'innocence des révélations réciproques.

 

D'autres auront la flamme factice et fumeuse du désir pitoyablement jeté dans l'improbable soupir d'un lendemain aphone.

 

- Texte et oeuvre du Plumitif -

 

 

 J'ai aimé la réflexion de ce cher MakesmewonderHum chaviré qu'il est par l'art et les artistes:
 
" L'artiste arrive à dépouiller son être et ses sens de tout ce qui les encombre inutilement, ainsi, toute sa concentration lui sert à remplir les merveilleux espaces vides de la création."
 
 
Et puis cette réponse de Laure :
 
" Art.
Mot qui sonne trop fort aux oreilles pour en palper toute la substantifique épopée.

"Aimez-vous l'art ?" demandait mon acolyte à un époque, aux passants, afin de leur soumettre sa marchandise de cartes postales; ça marchait à tous les coups, à part pour les très pressés. 
Attraper les gens avec l'art ce serait comme de demander si on aime le soleil ? 
Aimez-vous le soleil ? ... euh oui, Ah! ça tombe bien, j'ai en stocks de très beaux rayons!

L' art au quotidien est une infernale quête de justesse de soi au monde, et de soi aux autres.  Ne pas trop y penser et acter au mieux. "
 
 
 
Christiane me livra la sienne en ces termes :
 
" L'importance de l'art dans ma vie ?
une démarche pour aller de la fêlure à la paix, une déchirure, l'improbable rencontre de la joie ( le noir absolu du tragique, parfois),  une recherche irrassasiable liberté, l'impraticable langage du silence, de l'empêchement ;  des fulgurations jamais achevées, la méditation : incandescence intérieure... un paradoxe, quelque chose en suspens, une ascèse, une attente, un effacement de l'impossible, un supplément d'âme, une façon d'être... contre ! une insurrection ! la présence de l'être humain si fragile ou une absence au monde, un bonheur sensuel, une pulsation des couleurs, un étonnement, une géographie intime... "
 
- Christiane Parrat -
 
 
Et mon amie Angelica me répondit ainsi :
 
Chère Blue.
 
Tant d'écrivains illustres se sont penchés sur ce sujet. Pour compacter ce dont tu parles, j'aurais besoin d'écrire un roman, le roman de ma vie. comment trouver les mots pour dire ce plongeon dans son propre océan pour chercher dans ses profondeurs l'indicible, ce qui nous sublime et nous montre ce chemin vers qc de divin, la source d'énergie créatrice de tout artiste. Ce manque, vital, que l'on éprouve dans l'Art qui, à la fois, est la plénitude du manque.
 
Il me paraît donc vain et dérisoire de dire en quelque phrases l'importance de l'Art d'un point de vue philosophique en général et d'un point de vue très intime en particulier, me dépassant...
 
Pardonne moi de ne pas participer à ton initiative .
 
Je t'embrasse.
 
 
Enfin, toujours un peu sur ma faim, je reçus coup sur coup, à nouveau deux réactions d'artistes, l'un sculpteur, Christophe Carrière et l'autre philosophe et écrivain, Marc Alpozzo, transformant un peu ma question :
 

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  La création...C'est un instant qui déborde...qui se trace...se fusionne...Se nourrit des entrailles..des
 
cris...des larmes...Des découvertes...des fuites...d'un présent à construire.
 
 
- Photo et mots de Christophe Carrière -
 
 
 
 
 
 

Je suis un écrivain-nomade

Par Marc Alpozzo

 

Puisqu’il m’a été demandé de répondre à cette question : « Pourquoi écrivez-vous ? » je commencerai in extenso par dire que j’écris depuis tout jeune parce que je suis très tôt parti en voyage. Une bonne raison je pense de me qualifier d’écrivain-voyageur. Voyageur au sens de son étymologie : être sur la voie. Voilà pourquoi je me suis toujours senti un tel écrivain alors même que je ne partais nulle part.

 

L’écriture c’est pour moi la possibilité donnée de parcourir mon chemin sur la voie infinie. Et lorsque je sors de chez moi, que je quitte le clavier de mon ordinateur, et que je continue d’écrire sur de petits cahiers Moleskine® qui ne me quittent jamais, je ne modifie pas spécialement mon état. Toujours je demeure sur la voie quoi que je fasse. J’avance lentement. Mais tout texte, toute rencontre, toute idée contribue à ce cheminement. J’ai été placé sur la voie depuis le début, alors même que je ne connaissais pas encore la signification de celle-ci. Et j’y ai avancé longtemps en aveugle. Depuis toujours même je considère que j’y chemine en nomade.

Je me souviens de ces mots de Deleuze à propos du nomadisme : « Le nomade n’est pas forcément quelqu’un qui bouge : il y a des voyages sur place, des voyages en intensité […] » On peut donc, dit-il, « nomadiser pour rester à la même place en échappant aux codes. » Dans ces quelques réflexions se trouve tout ce qui m’a toujours amené et ramené à l’écriture : le refus de la domestication, une ouverture sans bornes sur le monde, une culture bariolée et protéiforme. Or, c’est bien ce que suggèrent Jacques Ménétrier et Jean Duignaud à propos du nomade : il refuse les codes et conventions ; il sera toujours en dehors, réfractaire à tout discours de clôture. Voilà pourquoi précisément je me dis écrivain-nomade.

C’est en même temps un qualificatif qui peut embrouiller. Et c’est tant mieux ! Sans quoi ça ne donnerait pas à réfléchir. En fait j’écris surtout depuis toujours pour en finir avec la recherche d’un certain ordre. Mais dans le même temps, et c’est paradoxal, j’écris pour trouver un ordre, et tirer au clair ce qui m’apparait autour de moi, depuis le début, comme une sorte de grande confusion. Écrire m’apparaît alors comme une tentative de faire la lumière sur des zones laissées obscures par une représentation du monde qui imagine que tout cela va de soi.

Je crois que l’écrivain doit en finir avec la pensée linéaire et la rationalité auxquelles j’ai toujours préféré la pensée circulaire, le labyrinthe, l’errance, l’éclosion d’une énergie. C’est pour cela que j’écris : non pour renverser un ordre, mais plus pour trouver un déploiement. C’est également pour donner le goût de lire, le goût d’écrire, et le goût de vivre. J’ai toujours voulu partager mes expériences littéraires ou philosophiques, et mes textes n’ont eu de cesse de se présenter tels des passeurs  en dehors de tout jugement, tout principe, et loin de toute dialectique. En fait, j’écris comme je médite : par à-coups, de manière dérivante, sans but. C’est vrai, je cherche une profondeur. Mais pas nécessairement de cohérence continue. Je ne crois pas à la moindre cohérence dans la continuité en l’homme. Je crois plus aux pouvoirs de l’instant présent ; un instant présent qui, systématiquement, nous ordonne de renouveler l’idée posée l’instant précédent, de renouveler le pacte passé, le pari tenu…

Disons le, j’ai toujours écrit tous mes textes (articles et livres) comme un cartographe. Jamais je n’ai procédé au moindre inventaire, alors même que je crois en une fin de l’histoire. Cette expression très hégélienne ne m’a pas toujours convaincu. Il me semble avoir écrit quelque part qu’elle m’inspirait quelques doutes. Je n’en ai plus aucun aujourd’hui tant elle me parait visible à l’œil nu. Voilà pourquoi je crois qu’il ne s’agit plus d’écrire aujourd’hui – sauf à vouloir faire l’inventaire avant fermeture définitive ! – en cherchant à s’inscrire dans une histoire de la littérature ou des idées. D’histoire il n’y a plus. Je préfère de loin ceux qui pensent et écrivent à partir d’un monde ouvert sur l’extérieur, libéré de tout processus historique, de tout processus dialectique : je pense à une écriture phénoménologique qui chercherait à se séparer du connu, qui se déploierait en dehors même de sa propre culture. Je l’appellerai une écriture transhumante. Ce serait une écriture qui refuserait tout cloisonnement ; qui refuserait de se laisser enfermer dans les codes académiques, ou les règles émises par l’Occident. Je pense qu’écrire c’est toujours accepter de se confronter à l’inconnu, et donc accepter que les différences se concilient dans une unité des cultures, une totalité qui serait un éternel dépassement. Si on vit également ainsi, je crois alors qu’on pourrait tout gagner. Ne plus orienter nos désirs selon ce qu’on nous a appris, mais laisser notre désir intérieur nous guider très simplement.

Je viens de le dire, nous sommes manifestement à la fin de l’histoire. Désormais, il n’y a plus de sens. Le sens de l’histoire à disparu. C’est précisément cette présence dans l’absence qu’il s’agit alors d’habiter. Cette présence/absence très tôt je l’ai vécue et questionnée. Voilà aussi pourquoi j’écrire depuis l’âge de sept ans. On doit donc cesser pour écrire, mais aussi pour sa propre vie, de prolonger les voies déjà tracées, et accepter de se mettre toujours en danger.

Pour bien faire comprendre cette idée, je dirais qu’il faut définitivement en finir avec la certitude cartésienne. Elle est datée. Elle appartient à ce qu’un ami appelle l’ancien agôn. L’écriture ne doit plus être fidèle à un discours de la méthode ; elle gagnerait à suivre le discours du chemin. Je l’appelle la voie. Parce que le chemin plus que la méthode vous donne cette ultime chance de vous perdre.

Or, je dirai que j’ai toujours écrit pour me trouver, mais que j’ai systématiquement emprunté des chemins qui m’ont amené à me perdre, ce qui m’a donné la chance systématique d’être en perpétuel devenir.

Je refuse donc tout processus logique, cartésien, car je le trouve trop scientifique, trop rationnel : du connu il m’emmène vers le connu. Or, si l’écriture n’est pas cet abîme qui s’ouvre sur l’inconnu, alors à quoi sert-elle donc ? Je ne cesse donc de le penser : les prosateurs qui refuseront de mettre leur honneur en danger, leur peau sur la table (comme l’écrivait Céline), qui n’accepteront pas de regarder la vérité en face, leur vérité, qui refuseront cette écriture qui les amènera en face pour demeurer dans un processus artificiel et cartésien resteront pour toujours des écrivains de salon. À la prose creuse qui nourrit les dîners mondains j’ai toujours préféré la parole pleine (comme la définissait Lacan.)

Être écrivain-voyageur c’est donc avant tout un état de vie, une manière d’habiter le monde sans jamais rechercher à se fixer quelque part, dans un lieu, une idée, une langue, une école ou une patrie. C’est écrire sans but ni fin, acceptant l’aspect insensé du désir, poursuivant le fil de ce désir, parcourant un itinéraire méditatif duquel éclora la vérité sur soi ; une vérité intérieure, une connaissance de soi que l’on ne redoutera plus.

Et ce sera surtout une belle manière de s’autoproduire en permanence, comme le dirait Edgar Morin.

 

À paraître en librairie du même auteur :

Seuls. Éloge de la rencontre, Les Belles Lettres (mars 2014)

Le Saut Nijinski. Journal d’un éveil, Regard & Voir (novembre 2014)

 
 
 
 
Après toutes ces réponses , il était peut-être temps que je mette à mon tour des mots sur l'importance de l'art dans ma vie.
 
L'art m'a sauvé la vie.
 
De m'ouvrir à l'art, de m'y intéresser, de m'en émouvoir, de rencontrer des artistes, de les aimer, de me laisser emporter, et de moi-même m'autoriser à mes élans artistiques, de les partager, d'écrire, de ne jamais craindre d'explorer encore et encore, et de laisser venir ce que l'art perturbe, remue, nourrit, fermente et enfante en moi, donne tout son sens à ma vie. Ce en quoi je rejoins complètement Christian, l'art c'est ma vie et ma vie, c'est de l'art. Je ne la conçois qu'ainsi !
 
 
Merci aux uns et aux autres d'avoir répondu à mon invitation, c'est tellement toujours un tel plaisir d'échanger et de réfléchir ensemble, une sorte d'art de communiquer si j'ose dire, d'art de s'ouvrir les uns aux autres. D'ailleurs pour ceux qui passent par ici et si le coeur leur en dit, ça m'intéresse drôlement de savoir l'importance de l'art dans leur vie...
 

 

22/01/2014

Il faut beaucoup aimer les hommes...

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Avant-hier soir, j'étais au restaurant sur l'île Saint Louis en compagnie de mes deux amies, mes deux L. ... Délicieuse soirée. Nous étions heureuses de nous retrouver toutes les trois, heureuses de deviser, d'échanger et d'interactiver. A la fin du repas, en reprenant mon manteau, j'aperçois derrière moi un homme attablé devant un verre de vin blanc, un livre à la main. Le titre du livre m'interpelle et je lui dit, il me sourit et à son tour me lance: " La phrase de Duras en exergue est bien meilleure encore! " me tendant son bouquin afin que je la lise. Je me précipite alors vers mon sac pour prendre mes lunettes et je lis, et souris :"savoureux ! Je suis tout à fait d'accord..." Là, son sourire s'agrandit : " Je m'en doutais... "

 

 

09/01/2014

Bon sens

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- Abdelaziz Gorgi -



" Celui qui t'enseigne vaut mieux que celui qui te donne."

- Proverbe berbère -



07/01/2014

Être

La mort d'un être nous ramène à notre être vivant. Tant que nous sommes en vie, nous pouvons, nous oeuvrons, nous pensons, nous passons, nous investissons, nous faisons des plans sur la comète, nous exigeons, nous nous trompons, nous aimons, nous acceptons, nous essayons, nous nous pensons à l'épreuve du temps, cuirassés, armés, pensants, et nous oublions à quel point nous sommes fragiles, vulnérables, sensibles, humains. Notre vie en nous est notre seul trésor. Notre vie transmet, réconforte, permet, dans le meilleur de nous. Cultivons ce meilleur, c'est le meilleur qui puisse arriver à chacun d'entre nous. Mourir, c'est notre lot, pour certain trop rapide, injuste, inapproprié. Mourir, c'est notre finalité. Mais entre naître et mourir, il y a vivre, et là, on a tout à jouer ! Tout à penser, tout à écrire, tout à peindre, à chanter, danser, aimer, transmettre et réaliser, réaliser, aimer et vivre...

 

02/01/2014

Mémoires

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" Rappelons-nous nos beaux jours, les jours où nous étions gais, où nous étions plusieurs, où le soleil brillait, où les oiseaux cachés chantaient après la pluie, les jours où nous nous étions promenés dans le jardin ; le sable des allées était mouillé, les corolles des roses étaient tombées dans les plates-bandes, l'air embaumait. Pourquoi n'avons-nous pas assez senti notre bonheur quand il nous a passé par les mains ? il eût fallu, ces jours-là, ne penser qu'à le goûter et savourer longuement chaque minute, afin qu'elle s'écoulât plus lente ; il y même des jours qui ont passé comme d'autres, et dont je me ressouviens délicieusement. "

- Gustave Flaubert -



31/12/2013

Entre nous

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- Photo Laurence Guez -

 

Une année se termine, une autre va commencer... Ce petit temps "entre deux" invite toujours à réfléchir en soi-même sur celle qui vient de passer. On se pose et on tire certains enseignements pour tenter d'éviter de reproduire les mêmes erreurs, les mêmes égarements et progresser, devenir meilleur encore, se sentir exister.

Qu'est-ce que cette année m'a appris de plus que la précédente ? Qu'on le veuille ou non, on change. Les expériences nous changent, les souffrances, les pertes, les deuils nous changent. Les rencontres, les joies, les plaisirs de la vie nous changent aussi... Je crois qu'elle m'a appris : le bonheur est possible, la sérénité et la paix de l'âme sont à ta portée !

Mon poison intérieur se transforme doucement en élixir, j'en prends le chemin. Oh ! Je ne me fais aucune illusion, il y aura encore des rechutes et de grosses déceptions. Mais je sais avoir la capacité de les endiguer. Je ne suis plus dépendante de mes émotions, je ne suis plus "agie" comme je l'ai été, je me sens vivante et libérée. J'ai conscience d'être encore en devenir et j'ai conscience de pouvoir agir sur ce devenir. L'horizon s'ouvre, il bleuit.

Belle fin d'année à vous tous.

Surprenante, fascinante, douce et riche année à venir.

Love.

Blue

 

25/12/2013

Ma famille

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C’est le plus beau des cadeaux que m’a fait la vie. J’ai œuvré pour le construire, certes, j’ai payé de ma personne comme on dit, mais j’ai reçu et je reçois bien plus que je n’ai donné. On ne sait pas toujours ce qu’on récolte quand on sème, et quand on cultive son jardin on n’est pas toujours à l’abri d’intempéries. J’ai de la chance. Beaucoup de chance. Ce jardin là a bien poussé. Ses arbres sont solides et majestueux. Je m’y sens bien. Je m’y sens à l’abri. Je m’y sens plus forte. Je m’y sens moi-même, pleine d’amour, pleine de rêves. Ma famille, c’est mon trésor, mes fils en sont les joyaux les plus brillants, mon homme en est le phare. J’aime l’idée d’être arrivée à ça, j’aime l’idée qu’il n’y a pas de fatalité, qu’on peut agir pour que les choses soient belles, pour qu’elles soient comme on pensait qu’elles pouvaient être. C’est puissant l’amour. C’est le plus puissant des ingrédients, c’est celui qui permet, celui qui engendre, celui qui rend meilleur. J’aime, je suis aimée, j’aime aimer, j’aime l’être. L’amour généreux, vrai, entier est la plus intense aventure qui soit. Il se transmet, il se transpire, il s’ouvre à l’autre et au monde tout entier. Il faut semer, s’aimer et s’émerveiller…